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Lettre 63 - SPECIAL DJIBOUTI

week-end de travail sur l’océan Indien

mercredi 11 février 2009, par Webmestre

Tout va bien ! Le beau temps est de retour, il fait plus chaud le matin (11°), les pannes de courant sont rares et l’eau est de retour après une coupure de plus de trois jours. Au rayon de nouveautés, nous allons, un jour, accéder à Internet grâce au téléphone portable. Notre chauffeur est sur le coup, mais ce n’est pas gagné.

Au rayon santé, toute la famille se porte à merveille et arrivera certainement en pleine forme en vacances. Le week-end dernier, profitant du départ des chefs d’État réunis en sommet sur Addis-Abeba, Aude et les enfants ont passé la journée du dimanche à la piscine du Sheraton. Le vent a trompé la petite tribu, qui est rentrée cramoisie par le soleil équatorial. Un séjour dans un four à micro-ondes doit avoir le même effet.
Aude et les enfants…. Mais Hervé ? Il était à Djibouti pour une réunion de travail sur le thème des examens. Si en France les professeurs et les élèves viennent de la ville ou du département, ici les choses se jouent sur plus de quatre pays ! Cela mérite un peu de concertation.

Donc, il a pris son sac et cap à l’Est sur Djibouti. Le vol dure une petite heure. Les deux villes sont distantes, à vol d’oiseau, de 550 km. L’une est à 2 400 mètres d’altitude et l’autre à –3 mètres ! Il semble que l’océan Indien soit en dessous du niveau de référence GPS. Il va falloir enquêter.
L’arrivée à l’aéroport de Djibouti étonne par la variété de matériels aéronautiques disponible. Peu d’appareils civils stationnent là et la chasse aux bateaux pirates, courants dans la zone, semble occuper les avions présents.

La sortie sur la piste surprend. Nous sommes en pleine saison « froide » et il fait 30° à 18 h. Il se dit qu’en été il fait 45° à l’ombre ; le problème est qu’il n’y a pas d’ombre. L’air humide de l’océan Indien rappelle les chaudes journées estivales sur la côte Basque. Ici la langue française prend le pas sur l’anglais. C’est plus simple pour les formalités ! Les gendarmes et douaniers djiboutiens ont des uniformes qui ressemblent fortement aux standards français. La première impression n’est pas sans rappeler l’arrivée sur les îles françaises des Caraïbes. Le sentiment est vite effacé ! La salle dédiée aux formalités est de taille modeste et le manque d’information règne. On a du mal à imaginer l’arrivée d’un vol gros porteur ou plusieurs arrivées simultanées dans cet espace. Des militaires américains patientent également ; une importante base les accueille.

Hervé doit récupérer un visa gratuit. Le fonctionnaire de service est tout sourire et rigole en permanence. Il demande à qui veut l’entendre « Je suis sympa, hein ! ». Hervé veut son visa et ne le contredit pas. Les formalités accomplies, il reste à récupérer le sac et passer les douanes. Pas de tracas de ce côté, tout va vite dans une certaine indifférence.

La traversée de la ville, le soir tombé, laisse imaginer un endroit « space ». Mais attendons que le jour se lève pour se faire une idée plus précise.
Arrivé à l’hôtel, il prend possession de sa chambre et se dirige vers la salle de bain pour prendre une bonne douche. Chose étonnante, un seul robinet fonctionne. Pas de distinction entre le chaud et le froid ! En fait, il n’y pas d’eau froide. L’eau qui sort des tuyaux est chaude et légèrement salée. Nous sommes en saison « froide » et déjà l’eau est trop chaude pour se rafraîchir. La nappe phréatique semble se refaire une santé avec de l’eau de mer. Hervé commence à imaginer ce que vivre ici peut représenter en été !

Passons sur les réunions…

L’hôte propose à Hervé un tour dans le pays. Ils partent en direction de Tadjoura, ancienne capitale du pays. La sortie de la ville se fait par le port, impressionnant pour la taille de la ville. C’est ici que la majorité des produits manufacturés et des hydrocarbures transitent pour l’Éthiopie.

Nous suivons l’itinéraire qui conduit à Addis-Abeba. La route est large comme une modeste départementale et voit passer plus de 3 000 camions par jour. Nous quittons rapidement cet axe pour suivre celui qui suit le golf. L’environnement est exclusivement minéral et volcanique. Des taches vertes éclairent la roche noire. Les pluies des derniers quinze jours ont permis ce spectacle fort rare par ici. Nous empruntons ensuite la nationale 10 ! Elle fait moins de 20 km de long, part de 600 m d’altitude et plonge sur le lac Assal. Le vent souffle avec violence dans cette zone. Le spectacle est magnifique. Le lac est bordé de rives blanches, les eaux vont du bleu profond au vert émeraude. L’altitude du lac est de –150 m en dessous du niveau de la mer. Ici, on comprend que l’eau et le soleil ne donnent pas que la vie. L’eau est salée, le soleil accablant. Les roches demeurent stériles et seul le sel pousse dans le quartier. Ici, les tropiques sont synonymes d’enfer d’une beauté éblouissante. Seules quelques caravanes pour le transport du sel semblent pouvoir tirer profit de cet environnement hostile.

Hervé et son hôte reprennent la route. Depuis le haut des falaises, l’océan Indien est majestueux. La côte est déchiquetée et y aborder doit être une opération bien délicate vu la hauteur des falaises et de l’absence de criques. Les marins ne manquent pas de courage pour naviguer dans ces eaux ! Les falaises font apparaître des ruptures blanches qui contrastent avec les roches noires. Elles témoignent de l’activité tectonique.

L’arrivée sur Tadjoura est surprenante. La ville, souvent appréciée pour son calme, ressemble à un décor de cinéma, pour tourner un film sur Mogadiscio ! Les façades semblent porter des traces de balles, la route est défoncée. Nous faisons halte pour déjeuner. Le poisson grillé et les palourdes sont un délice !

La journée se poursuit à la découverte de ces paysages désertiques et accidentés. En route, nous croisons des Chinois en perdition. Ils ont crevé et ne disposent pas de clé pour démonter la roue. L’un raconte, en français, une blague sur les légionnaires français, chinois et américains ! C’est la première fois qu’Hervé entend une blague chinoise, sur les Français, par un Chinois…

La visite touristique s’est poursuivie par un tour sur l’île Moucha. Trouver un bateau est une expérience unique. Déjà, arriver sur le bon embarcadère est une aventure ! Il y a deux compagnies pour aller sur les îles (lieu TRES touristique) et le chauffeur de taxi semblait le découvrir. Rien n’indique le point de départ des bateaux. Il faut rester calme. Un Français en transit, qui travaille temporairement sur le port, nous suggère même ne pas essayer d’exercer une quelconque activité tant tout est compliqué et aléatoire. Finalement, nous embarquons sur un bateau qui ressemble à une grosse barque. Il n’empêche, cette carène yéménite propulsée par un modeste moteur de 40 cv est d’une redoutable efficacité. La houle d’un mètre cinquante est facilement avalée par le bateau et son pilote. Nous dépassons même les 20 nœuds sans nous faire trop éclabousser. Nous naviguons au milieu des cargos en attente d’une place au port. De drôles de poissons nous accompagnent. Ils sautent au-dessus de l’eau, tels des papillons. Serait-ce des poissons volants ?

Nous débarquons. L’île est sympa, sans plus. Hervé se baigne une eau à 28°. C’est bien agréable même si nous sommes loin du cliché de la belle plage tropicale. Ce n’est pas ici que nous allons dépenser nos économies pour passer des vacances de rêve.

De retour sur la ville de Djibouti, Hervé fait un tour. Le charme de la cité coloniale opère. Les autochtones sont charmants. Ils interpellent le touriste d’un « chef » joyeux et sympathique. Jamais insistant, le refus à venir découvrir les trésors de chaque échoppe se termine par un éclat de rire. La fin d’après-midi lourdement « khatée » explique certainement cette humeur bon enfant.

De retour à l’hôtel, la même eau chaude sert de rafraîchissement avant d’aller se coucher. Se laver les dents à l’eau chaude et salée n’est pas ce qui est de plus agréable. Le repas du soir est pris dans un excellent restaurant qui sert un poisson succulent.

Avant de rentrer sur Addis-Abeba, Hervé fait des courses. Il trouve des Carambar et des fraises Tagada ; le bonheur assuré pour les enfants.
C’est l’heure du retour. Les contrôles sont à la hauteur de l’ambiance générale.

L’arrivée sur Addis-abeba contraste. Il fait froid et tout semble d’une exemplarité d’organisation ! Comme quoi, tout est relatif…

........@suivre...