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En escale en France et en balade ailleurs

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Lettre d’Ethiopie numéro 53

SPECIAL LALIBELA EXPRESS

mardi 14 octobre 2008, par Webmestre

Et voilà le numéro spécial Lalibela ! Avant de débuter le récit de notre périple, faisons un bref point sur nos aventures quotidiennes.

Dimanche une bête sauvage est entrée dans les maisons. Cela a beaucoup amusé les enfants ! Un tisserin a choisi de visiter le salon. Il a eu quelques difficultés à quitter la pièce et c’est Hervé qui, en le prenant dans la main, lui a trouvé la sortie.

Nous avons découvert cette semaine que nous mangeons des salades de notre jardin ! Notre gardien a planté au fond du jardin un joli carré de verdure. Elle est bonne et c’est un plaisir de déguster une salade toute fraîche.

Au rayon de la logique éthiopienne, Aude a demandé une intervention pour accroître le débit de la douche. Une personne vient et en effet la pression a (un peu) augmenté. Aude veut savoir ce qui a été fait. C’est toujours utile de connaître le remède... On ne sait jamais !

La réponse est toute simple : il suffisait de déboucher la canalisation d’évacuation... Eh oui ! Aude a eu un peu de mal pour admettre cette explication, loin de toute logique occidentale. Il n’y a rien eu à faire, c’est la seule réponse que nous avons obtenue. Il y a des jours où il faut savoir admettre la logique « abeishienne ».

Léo a repris le foot. C’est un grand soulagement à la maison, car l’affaire n’était pas gagnée faute de joueurs. Il a pu étrenner ses nouvelles chaussures à crampons.

Notre quotidien devenant très ordinaire, il nous a fallu trouver une solution pour pimenter notre séjour. Ce fut chose faite avec le week-end à Lalibela.
Le départ est donné samedi matin par le vol Ethiopian Airlines de 7h10. L’avion est un moyen de transport rapide pour qui accepte des heures d’attente. Nous devons nous rendre 2 heures avant le départ du vol à l’aéroport. Nous comprenons assez vite que celui qui arrive en retard peut se retrouver sans place à bord.

Nous embarquons à bord d’un Fokker 50. La flotte de ces appareils qui assurent les liaisons domestiques est regroupée devant l’ancienne aérogare dédiée aux lignes intérieures. Nous montons dans l’appareil et comprenons, après un léger temps d’arrêt, que les numéros de sièges portés sur les cartes d’embarquement sont... décoratifs ! Chacun se place où bon lui semble, de toute façon les lettres inscrites sur les cartons ne correspondent pas au plan de l’appareil. Notre première surprise vient des sièges dont les coussins ne sont pas fixés. Ce n’est ni pratique non confortable ; Inès s’est même retrouvée sans coussin, assise sur la structure.

Avant le décollage, un passager sollicite l’hôtesse et lui demande à quelle escale correspond Lalibela (l’avion fait du cabotage). L’hôtesse, avec un sourire magnifique, lui répond qu’elle ne sait pas, car c’est son premier vol.
L’avion décolle et après moins de 5 minutes, ressort le train d’atterrissage. Gloups, voilà une somme de petits détails qui n’incitent pas à la confiance. Heureusement que la suite démontrera le contraire.
Pour une fois, nous volons de jour, à la saison sèche. L’altitude de croisière est un peu au-dessus des 6000 mètres et cela laisse aisément admirer le paysage. Entre Addis-Abeba et Bahar-Dar (première escale), nous avons pu survoler les gorges du Nil et... pas une seule route ! Tout au plus avons-nous pu apercevoir une piste. Par contre, la fin de la saison des pluies offre un paysage constellé de champs dont les couleurs partent du vert tendre au doré des blés.

Notre premier stop est donc Bahar-Dar. Chose étonnante, l’aéroport et les structures techniques sont en parfait état. La longueur de la piste laisse imaginer que des appareils imposants peuvent se dégourdir les roulettes dans le quartier.

Une escale est toujours un moment de perte de temps, peu agréable. Eh bien, l’efficacité de l’équipe au sol nous a vraiment étonnés. Il aura fallu moins de 10 minutes chrono pour débarquer les passagers, charger les nouveaux et compléter le plein de carburant. Chapeau !

Nous avons une nouvelle escale à Gondar avant d’atteindre Lalibela. Là aussi, rapidité et efficacité qualifient notre halte.

Encore 30 minutes de vol et nous arrivons à destination. Les paysages changent, le relief se fait plus présent et accidenté. Nous arrivons à l’aéroport de Lalibela. L’installation aéroportuaire est simple : une piste (en parfait état) dans une vallée entourée de montagnes accueille notre Fokker.
En sortant de l’avion, on comprend que sur les lignes intérieures, pilote est un vrai métier où le manche à balai est bien plus utilisé que les automatismes dernier cri.

L’aérogare est tout petit et malgré cela un tapis automatique de distribution des bagages est présent. En fait, nous sommes dans un aéroport miniature avec tous les équipements d’un grand !

Un guide nous attend. Nous avons opté pour un week-end préparé par un ami professionnel du tourisme pour aller droit au but. Un minibus nous conduit à l’hôtel, en ville, à 23 kilomètres de là.

Il faut monter pour atteindre Lalibela. La petite ville (10 000 habitants environ) est perchée à 2 600 mètres. Malgré l’altitude, il y fait très bon.
À peine arrivés à l’hôtel, nous discutons avec le guide du programme du week-end. Une chose est certaine, le thème de l’excursion sera les églises. Il y en a 3 groupes à Labila et quelques-unes dans les environs. Le plan du séjour est arrêté ainsi que les tarifs ; ici plus qu’ailleurs, rien de gratuit.
Nous partons explorer le groupe d’édifices religieux. Il faut se rendre à l’évidence, les visites sont à la hauteur de la réputation du lieu ! Cet ensemble d’églises monolithiques creusées dans la roche est impressionnant. Toutes sont différentes, chacune avec son caractère, ses particularités. Certaines, très quelconques de l’extérieur offrent de magnifiques peintures à l’intérieur ; pour d’autres, au contraire, c’est à l’extérieur que se trouve le spectacle. Des tunnels relient les bâtisses, les enfants s’en amusent beaucoup.

Nous découvrons par la même occasion un nouveau métier : le chouzekipeur (gardien de chaussures). Pour pénétrer dans les églises, nous devons nous déchausser. Cet homme a pour mission de veiller sur nos chaussures et le cas échéant de les transporter jusqu’à notre point de sortie de l’église. Inès qui n’aime pas trop que l’on lui rende service (surtout quand cela vient de quelqu’un qu’elle ne connaît pas), accepte vite que le chouzekipeur lui remette ses chaussures.

La visite est ludique et instructive. Nous découvrons une grande variété de croix et de peintures plus ou moins bien conservées. 3 églises sont coiffées d’une grande structure pour les protéger du soleil et de la pluie. Sans cela, les établissements pluriséculaires menaceraient de s’effondrer. Au détour de la visite, nous sommes surpris par des pieds qui dépassent d’une cavité. Il s’agit de restes humains. C’est surprenant !

Nous suivons notre guide, de tunnel en église. Le même rituel se joue. Nous ôtons nos chaussures, un prêtre ouvre la porte, nous entrons dans la bâtisse (qui semble toujours plus impressionnante de l’extérieur que de l’intérieur), il nous montre une ou plusieurs croix, “clic clac kodak”, une aumône est versée et nous ressortons. Une seule fois, nous avons évité la visite. L’église est réputée pour ses puces, nous avons préféré éviter de nourrir ces sympathiques petites bestioles.

Finalement, les visites se sont déroulées bien mieux que nous l’imaginions. Nous avions entendu parler de beaucoup de monde, des mendiants omniprésents, d’un spectacle de personnes fortement dégradées physiquement (qui pouvaient choquer les enfants), etc. Rien de tout cela n’est arrivé. La fin de la saison des pluies (relative abondance de la terre) et l’absence de pèlerinage ont rendu l’endroit agréable pour la visite.
Les villageois que nous croisons sont lourdement chargés. C’est jour de marché. Nous sommes étonnés d’observer si peu de mules. Les marchandises sont convoyées à dos d’hommes ou plutôt de femmes. Ces dernières arborent un tressage particulier de leurs cheveux. Les hommes quant à eux portent tous un long bâton sur les épaules et sont enroulés d’une cotonnade blanche brodée.

Notre journée du samedi s’est terminée sur la terrasse de l’hôtel. Hervé a pesté contre son oubli volontaire de zoom pour appareil photo ; en quelques heures, il a repéré une demi-douzaine d’espèces d’oiseaux qu’il ne connaissait pas, rien que dans l’hôtel !

Notre repas pris, nous sommes allés nous coucher... à 19h30. Il faut dire que nous étions levés depuis 4h du matin.
La nuit a été plutôt calme, compte tenu de l’absence d’isolation phonique de la chambre. Seuls les aboiements d’un chien ont véritablement perturbé le sommeil de la famille.

Au réveil, Hervé a essayé de prendre une douche chaude. Le cumulus était bien branché, il y avait de l’eau, le robinet semblait relié cumulus... rien que du froid à la sortie. La douche attendra le soir, de retour à la maison. Par contre, si nous avons échappé aux puces dans les églises, celles du lit nous ont copieusement dévorés. Sur le coup des 7 heures nous prenons notre petit déjeuner.

Notre guide nous avait proposé la veille de profiter de la matinée pour découvrir une église datant du XIe siècle dans les environs. Elle est à 40 kilomètres et il faut compter plus d’une heure trente de voiture pour y parvenir. Nous comprenons alors que l’asphalte ne recouvre la piste que sur les 23 kilomètres qui séparent la ville de l’aéroport. Pour le reste, mieux vaut avoir un 4x4.

Nous embarquons à 8h pour le périple. Les paysages sont à couper le souffle. Les montagnes environnantes culminent à plus de 4 000 mètres d’altitude. La lumière du matin met en valeur chaque parcelle cultivée. Il y a du blé, quelques tournesols, des pois et nombre de céréales que nous ne savons pas identifier. Le parcours se fait sur 2 pistes. Une roulante et l’autre assez accidentée pour nécessiter absolument un 4x4.

Nous arrivons au terminus de la piste. De là, part un sentier qui grimpe à travers la colline et entre dans les bois. Le chemin est cimenté. Notre parcours est jalonné de personnes en piteux état. Nous arrivons devant une grotte fermée aux trois quarts de la hauteur par un mur moderne. Nous enlevons nos chaussures. Une fois la porte passée, la surprise est de taille ! Dans la grotte a été construite une petite église qui date de près d’un millier d’années. Elle est bicolore, en strates marron et blanches. L’église est en cèdre avec des placages de marbre blanc. Son intérieur est peint et sculpté. En faisant le tour du bâtiment, nous trouvons comme deux tentes, l’une plus grande que l’autre. Il s’agirait du tombeau du roi fondateur du lieu et de celui de son serviteur.

Durant la visite, nous entendons de drôles de petits bruits. Ce sont les chauves-souris qui habitent la grotte qui se manifestent. Mais la véritable surprise n’est pas là. Le sol remonte légèrement et en l’éclairant nous découvrons des squelettes humains. Il semblerait y en avoir près de 10 000. Des pèlerins, parait-il. Sur notre gauche, les restes d’un corps dépassent d’un cercueil. Léo repère le squelette d’un enfant. C’est assez impressionnant !

Nous quittons l’église et reprenons le chemin de la voiture, puis de l’hôtel.
Le retour se passe sans événement particulier. Au moment du départ de l’hôtel, Aude se rend compte qu’elle avait oublié nos tee-shirts qui faisaient office de taie d’oreiller. Allez savoir pourquoi, ça a été un peu compliqué de les récupérer.

Nous arrivons sur le coup des 14h30 à l’aéroport. Une fois l’enregistrement manuel terminé, nous lisons le panneau d’information écrit à la craie. Notre vol accuse un retard de 20 minutes environ (quoique les indications soient fausses d’une heure). Notre avion a un petit problème technique qui le retient à Bahar-Dar. Si les contrôles sont fréquents pour entrer dans la salle d’embarquement, l’accès à la piste est plus aisé. Cela nous a permis de voir l’atterrissage de l’avion, sa belle descente au milieu des collines et ses variations de pente au gré du relief. Finalement, nous aurons moins d’une heure de retard à Addis-Abeba.

En sortant du parking de l’aéroport, nous avons découvert leur système de facturation. D’habitude, le parking coûte 3,5 birrs. Mais aujourd’hui, la voiture a passé la nuit ! Eh bien, quand nous nous sommes présentés devant la guérite de sortie, la dame en faction a pris un bout de carton marron sur lequel figuraient les numéros des voitures qui sont restées sur le parking. Elle a vérifié le numéro sur la plaque et a appliqué le tarif adéquat. Nous nous en sommes tiré pour 27 birrs pour le week-end. Cela reste très raisonnable !

Forts de cette escapade express positive du week-end, nous avons pris goût aux vols intérieurs et nous comptons bien renouveler l’expérience. Ces sauts de puces nous économisent pas mal d’heures de voitures. Pour Lalibela il faut compter 2 grosses journées de route ! Alors pourquoi se priver quand en une heure de vol, l’affaire est jouée.

À chaque séjour dans le pays, nous transformons nos lectures en images, souvenirs et anecdotes. Même les coins très touristiques gardent leur âme. La culture éthiopienne semble bien ancrée. Nous découvrons davantage combien l’Éthiopie est un pays unique et captivant.

@suivre !

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Voir en ligne : Lalibela sur WIKIPEDIA