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Lettre d’Ethiopie N24

RIFT VALLEY

mardi 30 octobre 2007, par Webmestre

Découverte du Rift, berceau du monde

Vendredi 26 octobre 2007

Nous avons pu trouver in extremis une solution pour quitter Addis pendant les vacances. Un heureux concours de circonstances a permis de trouver voiture, chauffeur et hôtels.

Vendredi matin nous partons de la maison à 8 heures et mettons le cap vers le sud du pays. La sortie d’Addis est engorgée. Le tout côtoie le n’importe quoi et nous sommes ravis d’avoir un chauffeur habile et prudent.
20 km après la sortie de la ville, nous passons un contrôle de douanes. En effet, d’une région à l’autre les marchandises sont taxées. Une sorte de frontière intérieure. Le hic est qu’il faut savoir que ce contrôle existe. Il faut oser se faufiler entre les camions en slalomant entre le bas côté et la voie du sens inverse de circulation.

70 km plus tard, la route est largement ouverte, le trafic est léger. Les paysages changent. Nous sommes entourés d’anciens volcans, d’acacias et de belles plaines cultivées. Très vite, la série des lacs débute. Il n’y a pas de doute, nous entrons dans le Rift.

Nous arrivons sur le coup des midis à notre hôtel installé au bord du lac Langano. Ce plan d’eau est un des rares où la baignade est possible sans danger (maladies, bestioles, etc). Nous prenons notre repas et profitons du lieu. Nous débutons par une promenade sur la plage (loin des standards de la côte Atlantique). Nous poursuivons le tour par une heure de marche dans la savane. Au loin, sur les falaises, quelques babouins en vadrouille. Chaque arbre offre son lot de surprises. Les oiseaux sont nombreux, magnifiques, c’est un immense plaisir que de découvrir cette vie sauvage. La zone est connue pour sa variété d’oiseaux. Avec un peu de patience, on pourra en compter 400 espèces !

Les enfants prennent un bâton, le laissent traîner dernière eux et courent ainsi sur le chemin. Ils s’en donnent à coeur joie, cela fait plaisir à voir. De retour nous prenons notre douche et constatons que l’eau ne rince pas le savon et laisse une impression de gras sur la peau. Il semble que son traitement la rende trop douce. La question est à approfondir.
Le soir venu, notre repas est pris à l’extérieur, dans la douceur du soleil couchant. Nous apprécions cet air très doux et l’absence de moustiques ; c’est une excellente surprise compte tenu de l’altitude et de la présence de l’eau. Un seul bémol toutefois : les tarifs. Le cadre est chouette, mais de là à doubler les prix... Les hôtels affichent des tarifs sans rapport avec les prestations. C’est dommage.

Samedi 27 octobre 2007

Nous décollons à 8 heures pour une petite étape de 60 km. A peine quittons nous la piste qui menait à l’hôtel que nous nous engageons dans un parc. La visite débute par les autruches. L’animal est impressionnant ! Nous poursuivons vers le lac Abijatta. En chemin, nous croisons nombres d’oiseaux, deux gazelles. Notre arrivée sur le lac est saluée par de nombreux flamands roses qui prennent leur envol sous nos yeux. C’est classique mais très chouette.

Notre chemin nous conduit sur le lac Challa, un peu plus haut. Il est situé dans un cratère et est bordé de sources d’eau chaude. Les résurgences sont suffisantes pour cuire des oeufs et épis de maïs. Les locaux leur attribuent des vertus médicinales. Les eaux du lac sont d’un bleu méditerranéen et ses fonds plongent à plus de 250 mètres de profondeur.
Depuis un belvédère qui permet d’embrasser du regard les 2 lacs, nous sommes sollicités pour acheter de petits objets en pierre taillée. Aude reprend ses bonnes habitudes et négocie ferme les objets convoités. Hervé profite de cette animation pour photographier les enfants, trop occuper à essayer de vendre leur production.

Nous reprenons la route direction Wondo Genet. En moins de 50 km nous quittons la savane pour retrouver la forêt tropicale. Nous déjeunons à Shashemene, ville des Rasta.-En début d’après midi, nous arrivons à Wondo Genet, notre étape du jour. Une fois les affaires laissées dans la chambre, nous partons faire une petite promenade dans la montagne. Notre promenade débute par un ruisseau d’eau chaude dont la source est à 85°.
En contrebas, il alimente une piscine en plein air. Notre ascension se poursuit au milieu d’une nature très généreuse. Café, kat, maïs, bananiers, faux bananiers, sont autant de plantations qui jalonnent notre parcours. Une heure après notre départ de l’hôtel, nous arrivons au sommet de la petite colline, après 200 mètres de dénivelés. Léo a parcouru le chemin sans rechigner et Inès a fini sur le dos de ses parents quand la pente devenait trop forte. Du sommet, nous profitons de panorama avant de replonger dans la vallée à la recherche des colobes et babouins.

En chemin, nous croisons un homme drapé d’une couverture violette et tenant une belle lance. Hervé sollicite l’autorisation de prendre une photo. L’homme se prête au jeu avec plaisir. Quand il a vu son portrait au dos de l’appareil photo, il est parti d’un immense éclat de rire ! Hervé fera son maximum pour pouvoir lui faire parvenir son portrait.

Un peu plus loin, nous voyons de beaux babouins dans les arbres et commençons à apercevoir des singes colobes. Leur fourrure noire et blanche à long poils est de toute beauté. Nous sommes accompagnés d’enfants qui portent de lourds fardeaux de bois. Inès garde ses mains dans les poches pour éviter d’être trop sollicitée.

De retour à l’hôtel, une surprise nous attend. Alors que les colobes n’ont pu être observés qu’à bonne distance durant la promenade, nous découvrons dans les arbres du parc de l’établissement 3 beaux spécimens ! Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car au petit matin, ils seront à moins d’un mètre d’une bonne âme qui daignera leur donner une banane. Cela casse un peu le mythe de l’animal sauvage. Malgré la fraîcheur de la nuit, notre chambre reste chaude. C’est le miracle de la géothermie !
Dimanche 29 octobre 2007
Après un brin de causette avec les singes, nous mettons le cap sur Yirga Alem. Le trajet d’une cinquantaine de kilomètres est vite avalé. Nous avons hâte de découvrir le fameux lodge à la réputation d’exception.

N’y allons pas par 4 chemins, le lieu est à la hauteur de sa réputation. 10 toukouls, chacun correspond à une chambre. La construction est traditionnelle. C’est simple, sobre et très convivial. La salle de bain est au standard européen. La fenêtre de la chambre donne sur la forêt. Le lit double est d’une taille exceptionnelle. Les parements sont tissés localement. Que demander de plus ?

Il est 11h quand nous partons en promenade dans les environs. Un guide nous conduit à travers les jardins et plantations. Là aussi, la nature n’est pas avare. Nous avançons d’une parcelle à l’autre dans un décor d’une très grande propreté. Pas de plastiques, pas de fils électriques, pas de déchets viennent polluer cet environnement qui n’a pas dû changer depuis bien des années. Chaque toukoul a son petit cheptel, plantation de fausses bananes, café, etc. Mais il ne faut pas idéaliser, nous avons pleinement conscience que les conditions de vie sont difficiles et chaque famille n’a qu’un seul objectif : nourrir la tribu.

Au bout d’une heure de marche, nous débouchons sur une piste carrossable. Notre guide nous invite à entrer dans un jardin. Nous y sommes accueillis par un femme et ces 4 filles. Elle nous mène dans un champ de faux bananiers. Munie d’une machette, elle abat un plant. Rapidement, elle en extrait la racine. De là, elle en tire une farine qui devra sécher avant d’être utiliser dans la cuisine.

Nous entrons ensuite dans le toukoul. La femme prépare la farine, la tamise, la sèche et la malaxe avec du sel. La pâte est ensuite étalée en fine couche sur le plat mis sur le feu. Rapidement le mélange est cuit et roulé sous forme de crêpe. Le moment terrible du grand test arrive. Chacun accepte poliment et goûte. Ce n’est pas mauvais et certainement moins dangereux que la viande crue !

De retour à l’hôtel, nous partons nous restaurer. Entre une patronne Ethio-Italienne et un patron Ethio-Grec, les papilles sont à la fête.
Notre repas pris, nous regagnons notre toukoul. Aude est immédiatement attaquée par une envie de sieste irrépressible, les enfants aussi. Hervé est complètement sous le charme du lieu et se promène dans les environs à la recherche d’images. Le lieu est tellement plaisant que nous avons posé une réservation pour les vacances de Noël. L’hôtel est très couru et il est très prudent de réserver à l’avance.

A 17h30, le soleil commence à bien décliner. Les vautours arrivent et viennent se percher sur un arbre. Quelques clients se rassemblent en haut de la pente herbeuse qui surplombe la forêt. Un serveur descend avec un saut rempli de restes carnés. A peine a-t-il tourné les talons que la volée de charognard se jette sur la pitance. Et puis, sortant du bois, 2 hyènes arrivent. Elles sont fidèles au rendez-vous et viennent chaque soir se restaurer. Le spectacle ravi petits et grands. Voir, à moins de 20 mètres, de telles bestioles est un moment de plaisir mêlé d’un petit frisson. Difficile, en plein jour, d’imaginer la présence de cette vie sauvage tant les animaux sont discrets lorsque le soleil tape.

Voilà, la journée s’achève. Le buffet est servi. Les plats mélangent la cuisine traditionnelle et italienne. Les produits sont cultivés dans le potager de l’hôtel. Pour clôturer le repas un délicieux café est servi. Décidément, cet établissement est fidèle à sa réputation.

Lundi 30 octobre

Nous devons rentrer sur Addis, hélas...

Nous avons été vite conquis par le Rift !
En retour nous faisons un stop au marché aux poissons à Awassa. Au choix : tilapia, poisson chat et perche du nil. Les poissons sont négociés et nettoyés à même le sol, au bord du lac. Tout cela se déroule au milieu des marabouts, pélicans, mouettes, milans noirs etc etc. Il faut avoir le coeur bien accroché, même si les effluves pourraient être bien pire.
Voilà, nous reprenons la route direction Addis. C’est certain, nous n’avons pas fini de traîner nos guêtres dans le sud !


Voir en ligne : Photos du séjour