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Lettre 32 : Virée de Noël !

D’Addis-Abeba à Yrgalem en passant par Bishangari (lac Langano)

vendredi 28 décembre 2007, par Webmestre

Récit de virée dans le Sud éthiopien

Les enfants sont en vacances le 20 décembre au soir. Hervé a dû attendre le 21 au soir, après sa journée de permanence administrative et une soirée de représentation à l’Ambassade. Il a assisté à la remise d’une Légion d’honneur à un Français qui a beaucoup fait pour la culture et les arts éthiopiens.

Samedi 22 au matin nous embarquons. Nous donnons rendez-vous à un couple d’amis avec leurs 2 enfants pour rouler ensemble. Le départ est effectif aux environs de 7 h du matin. Il est prudent de quitter Addis tôt le matin tant la circulation sur les premiers 50 km est dense et anarchique.
Nous quittons rapidement cette zone où le tout côtoie le n’importe quoi pour nous engager dans la vallée du Rift. Nous prenons notre pause déjeuner à Shashemene sur la terrasse calme d’un hôtel. Les enfants mangent rapidement et filent à toute vitesse jouer avec les singes.

Nous reprenons la route pour Yrgalem, lieu de notre résidence. Le trajet se fait sans encombre, la route est belle et agréable. En poussant un peu, nous pourrions même atteindre la frontière kenyane ! Pour le moment, ce n’est au pas programme, il paraît que la zone est un peu folklorique...

Nous prenons possession de notre toukoul et apprécions immédiatement le calme du lieu. Les enfants jouent dehors dans les herbes. Nous cherchons les trous des hyènes.

Sur le coup des 17 h 30 min, une belle surprise nous attend. Plus tôt qu’à l’accoutumée, les hyènes arrivent. Elles sont 6 à nous rendre visite. Il fait encore bien jour et les enfants (ainsi que les grands) savourent le spectacle de la venue de ces bêtes sauvages. Elles sont à une dizaine de mètres de notre point d’observation et l’on se demande bien ce qui les empêche de venir plus près encore. Les enfants sont fascinés et Hervé peut profiter de la lumière pour faire quelques photos des bestioles.

Après le repas nous nous couchons tôt et apprécions le calme du lieu. Le confort des lits, l’absence de bruits “mécaniques”, l’air frais et sec procurent une rare qualité au sommeil.

Dimanche 23 décembre, anniversaire d’Inès. La fraîcheur de l’air du matin (12° dans la chambre) ne nous pousse pas à nous lever rapidement. Le petit déjeuner est servi en terrasse, au soleil. Le moindre rayon réchauffe rapidement l’atmosphère. Les confitures aux fruits exotiques sont maison, comme les pancakes. Nous prenons tout notre temps... Quand, dans le ciel, un milan repère les tables, il se met en position de piquet et tente de chiper les oeufs brouillés de nos voisins de table ! C’est impressionnant. Les serveuses installent en toute hâte des parasols « Pepsi » qui ont pour mission de compliquer le plan de vol du milan.

Nous poursuivons la matinée par une petite promenade dans les plantations environnantes. Nous faisons une halte chez la famille qui nous a préparés lors de notre dernière venu la galette d’enset. Hervé leur a remis des photos prises à l’occasion. Le geste a été très apprécié. Pour une fois, ils n’ont pas uniquement été photographiés, ils ont pu disposer d’une version sur papier.
De retour à l’hôtel nous avons fêté les 4 ans d’Inès. Cadeaux et gâteau spécialement confectionné par la cuisinière du lodge sont au rendez-vous. Aude a même pensé aux décorations : verres et pailles Blanche neige, bougies, poches de bonbons, petits masques et ballons. Une vraie fête pour les enfants. Inès a été particulièrement émue.

La soirée s’est déroulée dans un rituel bien rodé : hyènes, vautours, feu de camp, café traditionnel, repas, dodo...


Lundi, nos amis nous quittent pour une nouvelle destination. De notre côté nous jouissons du calme du lieu. Nous faisons une petite promenade dans les environs de l’hôtel. Nous découvrons des grottes qui ont servi d’abris aux Italiens et le jardin potager de l’hôtel. Une grande partie de ce qui nous est servi à table en provient. Ils disposent d’un avocatier immense, de plants d’ananas, de salades, herbes aromatiques et mille et une autres plantes. Nous rencontrons quelques poules avec poussins et une sorte de petite gazelle. Les enfants apprécient ces rencontres.

Le soir, cérémonie du café, attente des hyènes et, une fois n’est pas coutumes, elles ne sont pas rendez-vous. Elles ne viendront que tardivement, en petit nombre. Nous profitons de la nuit pour jouer avec les lampes de poche. Le spectacle des yeux d’animaux qui bougent dans la nuit est un peu inquiétant...

Pour le repas de Noël, les tables sont décorées. Le menu est composé de soupe de poisson (du tilapia péché non loin), d’un buffet avec de la dinde et d’une belle bûche maison. Nous sommes soignés ! Ceux qui nous rendront visite savourons très certainement ce lieu.
Nous reprenons la route le 25. Nous quittons l’hôtel sans nous presser. Il fait beau, l’air est doux et notre parcours est court. Pourquoi alors se presser ?
Nous faisons un petit stop à Awassa. Nous en profitons pour repérer le secteur. Nous cherchons un hôtel dont la réputation n’est pas mauvaise. Avec peine, nous le trouvons et nous y prenons notre déjeuner. C’est simple et propre. L’adresse est validée. En quittant le restaurant, un enfant nous propose des petites sculptures en dent d’hippopotame. Nous achetons, non sans négocier, quelques pièces. Le gardien du parking a posé sur notre voiture une bâche pour limiter la chaleur dans l’habitacle. Nous apprécions le geste.

Nous poursuivons notre exploration de la ville. Nous recherchons un hôtel dont la description est alléchante. Sans indication, il n’a pas évident de trouver quelque chose, d’autant plus que tout le monde vous répond oui et vous indique n’importe quoi. Soudain Hervé découvre l’entrée de l’établissement. Une manoeuvre est nécessaire. Et là, nous avons failli bien endommager la voiture. La route est bordée d’un large et profond fossé recouvert de plaques de béton. En manoeuvrant, Hervé n’a vu pas depuis sa place qu’il manquait des plaques. Aude a poussé un bref cri pour lui indiquer le vide.... Trop tard la roue avant droite est déjà dans les airs. Sur 3 roues, la voiture est doucement repartie sur la route en marché arrière. Pas de casse, ouf !

Nous reprenons la route direction le lac Langano. Nous avons réservé dans un “éco lodge”. Sur le bord de la route, un panneau indique une piste qui conduit à l’hôtel. La distance annoncée est de 20 kilomètres. Une large piste de terre rouge s’ouvre à nous. Elle est roulante. Nous avons un doute sur la nécessité de disposer d’un 4x4 pour accéder à l’hôtel comme cela nous l’a été conseillé au moment de la réservation. Et puis, après une dizaine de kilomètres vite avalés, un panneau indique un changement de direction sur la gauche.

L’affaire se corse. La piste est devenue étroite, accidentée par la saison des pluies. Nous franchissons une alternance de zones sablonneuses (sorte de farine poussiéreuse) et de zones dures ciselées par les pluies. Le balisage orange et blanc nous guide. Nous traversons de nombreuses zones d’habitations composées de toukouls traditionnels. Ici, pas d’eau courante, pas d’électricité pour faciliter la vie des locaux. Au détour d’un virage, surprise. Nous devons traverser une petite rivière... à travers un container. Un instant de doute nous assaille. Devons-nous passer ou trouver un gué ? Les traces sur le sol nous indiquent que la solution est le passage dans ce pont peu ordinaire. Et c’est parti... Cela passe de justesse. Notre marge est de moins de 10 centimètres à gauche et à droite de la voiture. Par contre, pour la sortie, la porte du container (qui n’a pas disparu étrangement) gêne. Un coup de pare-buffle et hop, elle s’ouvre ! Comme quoi, cet accessoire est utile.

Au bout d’une heure pour parcourir les 20 km nous arrivons à destination. Nous sommes invités à laisser la voiture au parking. Une calèche nous prend en charge avec les sacs. Nous sommes ainsi conduits à notre bungalow. Le lieu est dit écologique et n’usurpe pas ce terme. L’ensemble des chambres (une dizaine) est complètement intégré dans la végétation. La demeure est en bois, sobre et confortable. L’eau provient d’un puits qui donne 40 000 litres par jour (pour l’hôtel et les habitants des environs). Une pompe solaire assure l’extraction. L’eau chaude et électricité de la chambre sont aussi solaires. Nous ne disposons pour l’éclairage que de 2 lampes à basse consommation et pas de prise 220v. La position des petites habitations sous les arbres les préservent de la chaleur. C’est sobre sans pour autant altérer le confort. Comme quoi...


Le camp est installé à un centaine de mètres du lac, en bordure de forêt. La nature est exceptionnelle. En moins de 200 mètres, on passe de la savane à la forêt tropicale le tout dans une atmosphère douce et chaleureuse. L’air sec et le soleil d’altitude contribuent au climat très agréable. C’est un immense plaisir que d’être plongé dans cette nature sauvage et accueillante.
Il est dit que nous sommes au paradis des oiseaux. Sans être expert, nous avons dû en rencontrer au moins une vingtaine de variétés, dont certaines sont endémiques. Le coin est réputé pour en abriter plus de 200 espèces ! Le spectacle des pélicans, cormorans, aigles pécheurs, flamants roses, spatules, aigrettes, canards et pleins d’autres dont on ignore le nom est superbe.
Notre séjour de 2 nuits nous permet de jouir du lieu. Nous nous promenons dans les environs, au milieu des babouins et colobes. La terrasse de l’hôtel est installée dans un figuier. Ils sont d’une taille très impressionnante ! Les enfants aiment bien ce côté cabane.

La nuit par contre l’ambiance est tout autre. Les bruits des animaux montrent combien ils sont présents même s’ils ne sont pas visibles ! Nous sommes incapables de faire la différence entre les cris des oiseaux, mammifères, batraciens et insectes. Le matin, les traces au sol sont les témoins de cette agitation nocturne. Nous savons que de phacochères, porcs-épics, petits félins, fourmilier (tamanoir ou pangolin), petites gazelles sont des familiers du lieu. Il nous faut absolument un livre pour nous aider à décoder toutes ces empreintes.

Lors d’une promenade, nous sommes tombés sur un “spot” à hippopotames. Hélas, le vent est trop fort et les gros herbivores restent à l’abri dans les roseaux. Nous nous sommes promis d’y repartir tôt le matin et à la tombée du jour, avec des lampes, pour observer les broutteurs. Pouvoir savourer cette vie sauvage, simplement à pied depuis notre chambre, est un vrai bonheur même si nous sommes loin de la richesse des parcs tanzaniens ! Quoique, côté oiseaux, il ne doit pas y avoir beaucoup de zones aussi riches sur le continent...

Une fois de plus, notre découverte de l’Ethiopie nous éloigne davantage des images toutes faites que l’on a de ce pays depuis l’Europe. La richesse de son patrimoine culturel et naturel est énorme et ce ne sont pas les 40 000 touristes annuels qui, pour le moment, menacent ce potentiel.
Notre séjour touche à sa fin et nous profiterons de la venue de Marie-Jo pour refaire un petit tour dans le sud avant la fin des vacances. Vivement la prochaine virée ! En attendant nous faisons à la maison ce que nous n’arrivons pas à conduire en temps ordinaire. Nous allons essayer de découvrir les potiers d’Addis-Abeba, acheter un nouveau vélo pour Léo et un appareil à lire les CD à Inès.

Quant à l’épisode d’accès à l’eau nous sommes dans le flou le plus total. De nouveau nous sommes alimentés, sans que de nouveaux travaux soient faits. Nous avons les tuyaux. Nous ne savons pas pourquoi nous avons dû les acheter... Bref, personne ne sait rien et rien n’indique que nous soyons à l’abri de nouvelles coupures.

À suivre !