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Lettre d’Ethiopie N 17

SPECIAL BAHAR DAR - Partie 1

jeudi 27 septembre 2007, par Webmestre

Première partie

Jeudi 27 septembre 2007

La famille embarque pour sa première grande virée à travers le pays. Au programme : un parcours de 530 km vers le nord, à Bahir Dar. L’équipe est composée en plus de copains du lycée. Tout le monde prend place dans un Land Cruiser Toyota. L’engin est rustique, offre le confort acceptable pour des postérieurs européens et surtout beaucoup de place pour voyager à 4 sur la banquette arrière. Disons le tout net : si en Europe un tel engin a du mal à trouver sa justification, la route, réputée bonne, allait mettre l’engin en capacité d’exprimer ses qualités.

14h, départ après une matinée intense de travail. Exceptionnellement, le congé est accordé à compter de midi. En effet, ce long week-end est lié à la fête de Meskel (commémoration de la découverte de la croix à Jérusalem... Mais c’est à vérifier), synonyme d’une capitale complément bouchée.

Nous quittons Addis sur une bonne route. Le cap est mis sur DebreMarkos, ville qui nous hébergera pour la nuit. Notre objectif est d’arriver avant la nuit.

30 kilomètres après avoir quitté la capitale, nous ne croisons pratiquement plus un seul véhicule particulier. Seuls les camions, bus et taxis collectifs occupent la route. Enfin, seuls, dans la catégorie véhicules à moteur ! Pour ce qui est du partage de la route, il faut composer avec les chèvres, les moutons, les ânes, les chiens, les chevaux, les enfants, les voitures à bras et tout ce qui est capable de se mouvoir sans émettre de CO2.
Très vite nous comprenons pourquoi notre chauffeur veut arriver avant la nuit. Pour reprendre une expression d’un copain : la voiture est l’intrus sur la route. Il faut garder à l’esprit que cela fait moins de 10 ans que le parcours est revêtu de goudron.

Les bestioles qui traversent sans crier gare, les moutons qui dorment au milieu de la chaussée, les enfants qui jouent constituent autant de dangers qui nécessitent une concentration soutenue au volant.
Le plaisir de la conduite est largement gâché pour le risque permanent de percuter un être vivant de tout poil.

Si les routes éthiopiennes sont dites très dangereuses c’est uniquement pour cette raison.

Nous parcourons ainsi 3 heures de route située entre 2400 et 3000 mètres d’altitude en traversant champs de tef, de maïs et pâturages essentiellement. Les quelques villages que nous traversons offrent leur cocktail de maisons en torchis et toits de tôles ondulées, bar Pepsi Coca, baby-foot et table de ping-pong.

Et puis, changement radical : la route laisse la place une piste. Nous attaquons la descente sur le Nil bleu. Quarante kilomètres de piste, en chantier, pour atteindre 1500 mètres plus bas le pont qui permet de franchir le fleuve avant de remonter sur le plateau. Il nous faudra presque 2 heures pour boucler ce bout de route. Le paysage est magnifique et les dimensions de la tranchée montre combien le fleuve à travaillé la terre. Mais il ne faut pas perdre de vue que cet axe est emprunté par des camions, bus et autres poids lourds.

La piste est gorgée de pièges : engins de chantiers, éboulements, obstacles à 4 pattes, camions aux vitesses très variables, véhicules en panne, saignées profondes (merci Toyota pour tes voitures très robustes). La vigilance est mise à très rude épreuve. C’est finalement à la tombée du jour que nous sortons de cette somptueuse nature pour attaquer de nuit la dernière étape jusqu’à Debre Markos. Si le bitume recouvre de nouveau la chaussée, l’absence de marquage horizontale, de signalisation de direction et les quadrupèdes routophiles compliquent notre avancée.`

Pour nous repérer, nous disposons du GPS éthiopien à savoir le téléphone portable. Certains émetteurs transmettent leur nom sur les téléphones qui correspond souvent au lieu. C’est une information précieuse car la signalisation et les directions sont réduites au minimum et sont invisibles de nuit.

C’est vers 20 heures que nous arrivons à notre hôtel, soit 350 kilomètres en 6 heures. C’est notre premier contact avec les hôtels de province. Le sourire est au rendez-vous, l’accueil chaleureux et les chambres au confort tout relatif. Les draps et les toilettes sont propres et l’eau est chaude. Finalement, nous avons l’essentiel.

Les gestes à faire en arrivant dans la chambre : brancher le chauffe-eau, s’assurer de la présence de serviettes et de papier toilette. En cas d’absence, se rendre à la réception qui corrigera les manques.
A table, nous attaquons du Gouder, vin rouge Ethiopien. Nous avons le choix en ce dernier et l’Axoumit. Les visiteurs qui viendront nous voir pourront juger sur place. Disons que les amateurs de bières seront avantagés. Notre repas servi, nous partons nous coucher. Le départ est programmé pour 8 heures le matin.

Vendredi 28 septembre 2007

Réveil à 6h30. Toute l’équipe se retrouve pour les petits déjeuners. Entre la commande passée, le nom sur la carte et le résultat dans l’assiette il y a des écarts surprenants. Nous découvrons le jus d’orange yéménite. En un mot : BEURK. Autours de la table, nous échangeons sur la qualité du sommeil. Nous avons dormi comme des bébés, par pointes de 2 à 3 heures au rythme du chant des moteurs diesel des camions qui démarrent sous nos fenêtres, dans la station service Shell (go well, go shell dit la pub locale). Ne nous plaignons pas, nous sommes dans le meilleur hôtel sur le parcours qui sépare la capitale du lac Tana.

Il fait beau, tout le monde est à l’heure à l’embarquement et nous reprenons la route.

Les paysages de champs cultivés, de bétail qui paisse, et de gros n’importe quoi sur le goudron continue. Hervé a baptisé les troupeaux de vaches sur la route le cow voiturage.

Nous traversons les mêmes villages, tous un peu identiques avec leurs flambeaux pour marquer la fête de Meskel.

Nous arrivons sur le coup de midi à Bahir Dar, terme de notre voyage. Nous trouvons notre hôtel et prenons possession de nos chambres. Si Aude, Hervé et les enfants ont de la chance, les copains n’étaient pas les seuls à occuper les lieux. Quelques cafards ont trouvé la place charmante et squattent sans gêne la chambre.

Cette rencontre fortuite donnera lieu à un déluge de coups de savates et épandage massif d’insecticides.

Nous partons déjeuner au bord du lac Tana. Le lieu est apaisé et reposant. Notre repas est pris à l’ombre d’un arbre géant abritant singes, vautours, marabouts, singes et autres volatiles colorés. Les cafés, thé et makatos bus, nous mettons le cap sur les chutes du Nil. C’est tout proche, à 30 kilomètres de piste confortable.

Comme souvent en Ethiopie nous nous acquittons d’un droit d’entrée (15 birrs) pour pénétrer sur le site. Nous prenons également un guide car il faut parcourir 30 minutes à travers une petite colline.

Disposer d’un accompagnateur permet aussi de limiter les ardeurs des enfants qui sollicitent la générosité des visiteurs.

Après avoir franchi le Nil sur un pont du xiiie siècle, nous grimpons vers ce qui semble être les secondes plus belles chutes du continent après les chutes Victoria. Réputation exagérée, petit chapelet d’eau insignifiant, gloire passée au présent sec ? Vous le saurez en lisant le prochain numéro de la famille en vadrouille !

A suivre