DOUDOUTOMTOM

En escale en France et en balade ailleurs

Accueil > Lettres d’Ethiopie > Saison 1 > Lettre d’Ethiopie N14-15

Lettre d’Ethiopie N14-15

dimanche 23 septembre 2007, par Webmestre

Vendredi 21 septembre

Perdu ! Internet à la maison ne sera pas pour cette semaine. Patience, patience et sourire sont les 2 ingrédients du kit de survie. Mais il faut être honnête et ne pas jeter trop vite la pierre sur l’administration locale. Combien de temps faut-il en France pour obtenir une carte d’identité ? Quel est le parcours d’un non ressortissant de la l’Union européenne pour obtenir un visa longue durée ou une carte de séjour ? Et quelle est la durée supplémentaire si cette personne arrive du continent africain et ne parle pas la langue ? Finalement, on s’en tire très bien !

Petit à petit, nous sentons que la météo s’améliore. Il y a eu ce vendredi de très bons moments ensoleillés. Cela augure de ce qui nous attend sur les 8 prochains mois. Notre sentiment est que nous allons vivre un séjour fort agréable.

Après être passé avec Inès à l’Alliance française, Aude a profité de la douceur du jour pour bouquiner dans le jardin alors que les enfants jouaient au ballon.
Juste avant de quitter le lycée et faire quelques courses, Hervé a levé un coin du voile sur la voiture. Une fois la housse partiellement levée, il s’est assis dans l’auto familiale. Suspens, la clé est introduite dans le contacteur, premier quart de tour, les voyants s’allument, nouvelle petite impulsion sur la clé et un doux bruit de diesel se fait entendre. Bonne nouvelle, la voiture tourne, elle est très propre et offre un confort bien supérieur aux Lada des taxis. Sur le siège passager trône un sac plastique jaune laissé par les précédents propriétaires. A l’intérieur, ils nous ont gardé divers guides, cartes et méthodes pour apprendre l’amharique. Nous avons été touché par tant de sollicitude.

Ce soir, Hervé a trouvé chez Bambis de quoi faire la fête : du rhum (cubain) et des crèmes au chocolat (allemandes). Apéro Springels, planteur local et whisky Coca : voilà bien longtemps que nous n’avions pas sacrifié au rituel du vendredi soir. Bon, il faut dire la vérité : le Coca light, importé du Proche Orient n’est pas très bon, il vaccine contre cette boisson. Quant au rhum cubain, il ne rivalise pas avec les bouteilles agricoles de Martinique. Nous n’avons pas pour autant boudé notre plaisir.

Samedi 22 septembre

Matin calme et douce matinée à rien faire. Cela fait du bien. Notre réveil est ponctué par les prières de l’église voisine et des “maman, j’ai faim, je veux petit déjeuner” de la part d’Inès. C’est incroyable : quand il y a école, impossible de les réveiller et les week-end, 7 heures, les enfants sont en pleine forme ! Il faudra aller prier pour changer cela.

Il fait bon, nous prenons le petit déjeuner sur la terrasse.

L’aventure du jour : Les telecom contre-attaquent !

Coup de fil à la maison. Hervé doit se rendre avec le démarcheur au bureau central des services commerciaux pour Internet.

Chemin faisant, il décide d’acheter une recharge pour son téléphone mobile. Après quelques difficultés pour se faire comprendre, il obtient la précieuse carte avec numéro à gratter. Tout va bien, elle est sous scellé, date de validité OK, zone à découvrir parfaitement intacte. Hervé appelle le service de recharge et là, patatras, le numéro ne fonctionne pas ! Nouvelles tentatives, échec, échec, et re-échec.

Le démarcheur arrive au point de rendez-vous. Hervé relate sa mésaventure et l’homme providentiel comprend de suite la situation ! Le numéro de téléphone commence par 0913... il lui faut une recharge verte et non bleue qui ne concerne que les 0911. Evidement ! (pour mémoire, il y a un opérateur unique)

Arrivée au centre des services Internet. Sans aide, il aurait été extrêmement difficile, voire impossible, d’obtenir un accès aux services web car notre prédécesseur n’avait pas coupé le service. Il a fallu résilier l’ancien abonnement (en absence du titulaire) avant de pouvoir en ouvrir à notre nom. Combien de signatures différentes pour y parvenir ? 24.... 24 personnes ont du signer pour mener à bien l’opération.

De retour à la maison tentative de connexion au web. Sans succès. Le suspens continue.

Petite lueur d’espoir du jour... il n’est pas impossible d’utiliser la voiture, avec un chauffeur, si l’assurance est toujours active. Cette douce perspective de ne plus être dépendant d’un taxi nous remplie d’enthousiasme. Imaginez-vous : pouvoir se déplacer librement dans la ville, ne plus attendre le taxi, être certain des horaires.... que du bonheur. Attendons lundi pour en savoir davantage.

Inès raconte sa journée d’école et une histoire :
“Quand on met la musique, on range. Après on va sur le banc et on lit une histoire. C’est la maîtresse qui dit que ceux qui parlent ils lisent l’histoire. Le petit chaperon rouge il va au bois. Il veut aller voir sa grand mère. Tiens il va rapporter le petit pot de beurre. Il va rapporter la galette s’il te plaît à ta grand mère. Et après le loup il va la manger. Il va jouer aux courses. Le loup il est plus ou moins rapide et après le loup il est arrivé à la grand-mère. Il a tiré la chevillette, il a ouvert la porte et après il a mis sa chemise de la grand mère. Il s’est couché dans son lit. Il a attendu le petit chaperon rouge. Qu’il a de grandes mains le loup ! Qu’il a de grandes dents ! C’est pour mieux te manger ! Après le loup il a mangé le petit chaperon rouge. Il y a un chasseur qu’il a entendu parce qu’il a crié. Après le chasseur il a ouvert le ventre du loup. Après il ne va plus désobéir à sa maman.”

Inès le 22 septembre 2007

Mauvaise nouvelle, compte tenu du rythme des lettres et du coût engendré, nous devons les financer avec de la publicité. C’est aussi cela une économie moderne.

L’aventure continue. Faute d’accéder à Internet, Hervé a essayé de recharger son mobile. Résultat des courses, téléphone bloqué pour cause d’essais erronés trop nombreux... A suivre...

Samedi après-midi, activité rien faire à la maison. Comme d’habitude, beau temps le matin et pluie à compter de midi. Léo en a profité pour refaire son engin Lego en suivant les plans. Il a réussi et c’est une première. Ce sont ces petits détails qui nous montrent que notre enfant grandit.
Une éclaircie apparaît, nous en profitons pour nous balader.

La famille part à pied à la recherche d’un câble pour le modem, de 2 DVD vierges et d’un peu de jambon. La question qui se pose immédiatement... vont-ils trouver ?

Comme après chaque pluie, l’odeur de notre rue est particulièrement présente. Pour mémoire, c’est le même parfum que celui des ruelles de la médina de Fès, quartier des tanneurs.

Premier arrêt dans un cyber à 2 pas de la maison. Hervé souhaite s’assurer que le service Internet fonctionne et essayer de trouver dans les paramètres des machines la clé de la non connexion à la maison. Grrrr, cela fonctionne parfaitement au cyber ! Demain, il essaiera de passer avec son portable pour voir si cela vient de la ligne ou de la configuration machine. Note positive, le service Internet est opérationnel.

Côté achats, une fois n’est pas coutume, nous atteignons 100 % des objectifs, avec en prime des yaourts à la framboise et des fraises (c’est le début de la saison).

Nous profitons de notre petit périple dans le quartier pour nous intéresser à une boutique de décoration afro-asiatique. Nous nous sommes cru plongés un instant dans une boutique au Maroc. Ambiance, articles, aménagements et tarifs identiques. Nous sortons les mains vides.

A proximité, une modeste échoppe attire notre regard. En vitrine figurent quelques tissus élégants et ethniques. Nous entrons. Très vite, l’attention d’Aude se porte sur des étoffes blanches ornées de bandes tissées de couleur. Bonne pioche, les pièces sont superbes et proviennent de la région de Wolo (nord est de l’Ethiopie). Ces tissus servent à la confection de vêtements. Compte tenu de leur taille, Aude prend 2 morceaux qui seront largement suffisants pour faire les rideaux du salon.

Avant de retrouver la maison, nous faisons une dernière halte chez le cordonnier. Aude y a fait réparer ces sandales d’été qui étaient décousues. Le résultat est bon, mais à quel prix ! Il faut espérer que la réparation tiendra, car à 3 ETB (25 cents d’euros). Il faudra que nous fassions attention pour ne pas dépasser les limites de notre budget !

Alors qu’Hervé prépare le repas, petite frayeur : pas d’eau au robinet. Plus de peur que de mal, c’est le robinet d’arrivée après le compteur qui fait des siennes... une peccadille.

Information de dernière minute. En allant accompagner des élèves à l’aéroport, Hervé s’est renseigné, auprès d’un professeur fort bien informé sur le problème de connexion Internet. Il semble qu’il faille attendre 48 à 72h pour que le service fonctionne. Attendons donc.

Cette sortie a permis de découvrir la Bole road de nuit. Après 4 semaines passées dans le pays, c’est assez étrange de suivre cette avenue bordées d’immeubles modernes et colorées d’illuminations. Cela change des tôles ondulées.

Dimanche 23 septembre

Nous sommes réveillés à 6h00 par les chants religieux. Si certains matins ils sont discrets, ce n’est pas le cas de ce jour. Vitesse et direction du vent, puissance des amplificateurs, emplacement des hauts parleurs... seul Dieu sait pourquoi nous avons l’impression d’habiter au pied de l’église. Nous entendons aussi quelques sons de cloches. C’est familier et agréable.

Inès a sauté dans notre lit à 6h10 (alors qu’il est impossible de la lever à 7h00 quand il y a école) et Léo s’est réveillé à 8h00.

Petits essais de télécommunications : portable débloqué, mais impossible de recharger le compte, accès Internet impossible. Ce n’est pas grave le soleil est là.... au moins jusqu’à midi. Le programme de la journée est modeste et non moins sympathique : rester tranquillement à la maison ce matin et aller manger au TOP VIEW, restaurant ethio-italien installé sur les hauteurs de la ville.

L’adresse est excellente. La gamme de goûts est européenne (à quelques exceptions près...), les desserts sont exquis et la vue magnifique. Une adresse à 10 minutes de la maison que nous conserverons. Au dessert, Hervé demande à Léo si le restaurant lui plaît. Sa réponse et positive et ajoute qu’il aime également le restaurant du précédent dimanche... le Sheraton.
Cet enfant a bon goût !

A suivre !